Depuis qu’il a pris le pouvoir le 30 août dernier, le général Brice Clotaire Oligui Nguema avait jusqu’au 18 octobre deux casquettes : celle de chef de l’État gabonais, et celle de militaire – qu’il a souhaité conserver –, à travers le ministère de la Défense et de la sécurité. Mais pas seulement : si un commandant en chef « en second », chargé de son « intérim » à la tête de la garde républicaine a été nommé, Oligui Nguema est toujours le détenteur officiel de la fonction qu’il occupe depuis le mois d’avril 2020.

Le général de brigade a cependant décidé de ne pas cumuler tous les privilèges de ses multiples fonctions et de se contenter de son salaire de militaire tenu secret tout comme celui de chef d’État. Donc difficile de faire le ratio. D’après un communiqué publié par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) le 18 octobre, le président de la transition a choisi « de renoncer à son traitement de président de la République en ne conservant que son traitement de commandant en chef de la garde républicaine ».

Cette décision s’explique, selon le porte-parole de la junte, par des nécessités financières. « Chaque jour qui passe permet au CTRI de réaliser un peu plus l’état de dégradation générale du pays et des finances publiques en particulier, victimes d’une véritable furie criminelle », a indiqué le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi dans une vidéo publiée sur les comptes officiels de la présidence. C’est donc « conscient des urgences sociales et des nombreuses attentes du peuple gabonais » qu’Oligui Nguema a fait ce choix, moins de deux mois après le coup d’État.

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Sur les réseaux sociaux, l’annonce, immédiatement saluée par les Gabonais, a eu l’effet escompté. Une mesure similaire avait déjà été prise en novembre 2022 par un autre putschiste du continent : le président de la transition burkinabè, Ibrahim Traoré, avait en effet annoncé ne vouloir conserver « que son salaire de capitaine ».

Le général Oligui Nguema souhaite ainsi asseoir sa popularité au Gabon mais également à l’international, grâce à une tournée dans la sous-région qui l’a conduit chez plusieurs chefs d’États. Dans la charte de transition, le président n’a pas fermé la porte à une éventuelle candidature pour la future élection présidentielle, dont la date n’est, pour l’heure, pas connue.

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Même s’il reconnaît la « dégradation des finances publiques », Oligui Nguema refuse toujours de poursuivre les principaux auteurs de cette situation à savoir Ali Bongo Ondimba et ses amis chefs des institutions nationales commis à la cause du Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui continuent de jouir allègrement des ressources de l’État et de certains privilèges sous haute protection militaire. Pour lui, les seuls responsables des détournements au Gabon sont Sylvia Bongo, son fils Noureddin et son gang. Ainsi pour relever l’économie nationale, il a décidé de réduire les émoluments des nouvelles figures du parlement de transition avec la suppression de plusieurs avantages financiers.

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Quand vous osez émettre une critique, on vous répond : « C’est un stratège, il sait ce qu’il fait ». Une attitude que nous avons décrit comme « Oliguisme ». Et si la fameuse stratégie d’Oligui n’était finalement que du pipi de chat ?