Prophète autoproclamé aux déclarations effarantes, prétentieux et imbus de sa personne, Kacou Philippe est l’objet de nombreuses critiques tant sa manière de pêcher les âmes est toute particulièrement étonnante. Il a même fait l’objet de poursuites judiciaires en Côte d’Ivoire car considéré comme un usurpateur qui dupe et induit en erreur. Il a déjà déchiré et brûlé plusieurs versions de la Bible en direct à la télévision. Aujourd’hui, l’homme se revendique comme le seul vrai prophète, le Jésus des temps modernes. Qui est-il réellement ?

Jeunesse

Kacou Philippe naît en décembre 1972 à Katadji dans le département de Sikensi (Côte d’Ivoire). Il est le fils d’un cultivateur illettré. Après l’école primaire, Kacou Philippe ne fait que les quatre premières classes du lycée. De 1992 jusqu’en 2002, il passe l’essentiel de son temps comme manœuvre sur des chantiers de construction.

Les premiers pas dans le christianisme

Tout est parti d’une vision qu’il aurait eu le 24 avril 1993. D’abord, c’est vers un prêtre catholique qu’il va pour comprendre le sens de la vision. Ensuite, il va vers les baptistes avec qui il passe trois mois, puis il rencontre le mouvement de William Marrion Branham, un évangéliste américain. C’est avec ce mouvement qu’il reste comme simple fidèle de 1993 jusqu’en 2002.

Le commencement du ministère

Kacou Philippe débute ses prédications publiques en juillet 2002, après une seconde visitation de l’ange qu’il a eu en 1993. Il se dit être le prophète-messager du cri de minuit, selon Matthieu 25:6.

Pour Kacou Philippe, « toutes les églises servent le diable au nom de Jésus-Christ ». Il rapporte plusieurs fois une autre vision qu’il a en 1993 et dans laquelle il dit avoir vu les dirigeants d’églises sous des formes étranges : « Leurs corps étaient des corps d’hommes mais leurs têtes étaient des têtes d’animaux différents ». Alors s’ouvrent les premiers débats et confrontations.

Kacou Philippe prêche plusieurs mystères, tels que : « Si Dieu a détruit tout le mal dans le déluge au temps de Noé, comment le mal s’est-il retrouvé encore sur la terre après le déluge ? » Et ladite prédication est entièrement publiée par un journal camerounais. Kacou Philippe déclare que ses paroles ont la même valeur que les paroles des prophètes de la Bible.

Lire aussi:  [Côte d'Ivoire] Patrick Achi confirmé Premier Ministre, le compte à rebours est-il lancé ?

Pensées

  • Le baptême selon Kacou Philippe

Pour Kacou Philippe, l’Église commence avec Jean le Baptiste et c’est le baptême de la repentance. Puis vient le baptême de la rémission des péchés avec les apôtres, puis le baptême de la justification par la foi avec Martin Luther, puis le baptême de la renaissance de l’Église après les premières persécutions romaines, puis le baptême d’adoption, puis le baptême de la sanctification avec John Wesley, puis le baptême de la régénération avec le pentecôtisme, puis le baptême de la restauration avec William Branham, et enfin le baptême de la restitution avec Kacou Philippe. Et il affirme qu’en dehors de cela, tout autre baptême est faux, même si cela est fait au nom de Jésus-Christ ou au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit par immersion.

  • Kacou Philippe et le christianisme

Kacou Philippe voit la Bible comme le rétroviseur d’une voiture ou un livre d’histoire. Pour lui, la Bible est un vestige de la préhistoire chrétienne et judaïque et ne peut en aucune manière donner la Vie éternelle. Il brûle toutes les versions de Bible qu’il trouve dangereuses pour la foi à l’exemple de Tob, King James, Tompson, Scofield et Louis Segond.

Kacou Philippe redéfinit ce qu’est la Parole de Dieu, faisant la différence entre la Parole de Dieu (les vérités révélées) et la théologie (les connaissances acquises par le moyen de l’intelligence). Il redéfinit la divinité de Jésus-Christ, la confession des péchés qui doit être publique, la place de la femme dans l’Église, le baptême d’eau, le Saint-Esprit, le prophète, la Bible, le rapport entre l’Église et l’État et plusieurs autres aspects du christianisme. A propos de cela, il refuse de se présenter à une convocation des Renseignements Généraux de Côte d’ivoire.

Il redéfinit tout le christianisme dans un ouvrage appelé Le livre du prophète Kacou Philippe, paru en trois volumes aux Éditions Édilivre en France. En mars 2008, Kacou Philippe rassemble tout le corps religieux ainsi que des journalistes et la société civile dans une conférence sur le christianisme. C’est le procès contre les églises. Un journal le qualifie comme étant le maestro de la Parole de Dieu. C’est après cette conférence que paraît à la une d’un autre journal: Un prophète déshabille les hommes de Dieu. Comme William Branham, Kacou Philippe fait état d’une présence surnaturelle qu’il attribue à l’ange du 24 avril 1993.

En 2008, les prédications de Kacou Philippe commencent à être traduites en d’autres langues. Des journaux diffusent entièrement ses prédications; même en dehors de la Côte d’Ivoire. Un journal camerounais affiche en co-une: Kacou Philippe, un prophète venu reformer le christianisme. Sur les médias comme Africa n° 1, des débats s’ouvrent. Certaines personnes répliquent de façon voilée, tandis que d’autres le font de façon ouverte et violente. D’autres encore vont plus loin, reprenant les doctrines de Kacou Philippe une à une pour mieux les neutraliser.

Le 13 mai 2016, le prophète Kacou Philippe sera arrêté à son domicile par les autorités ivoiriennes pour défiance à l’autorité de l’État, incitation à la haine religieuse et radicalisme religieux. Il passera quatre jours et quatre nuits assis sur une chaise dans les locaux des Renseignements Généraux de Côte d’Ivoire. Ensuite, il passera deux jours et deux nuits au sous-sol de la Préfecture de Police d’Abidjan et trois mois à la grande prison d’Abidjan avant de retrouver la liberté dans la nuit du 16 août 2016 avec privation de ses droits civiques, notamment l’interdiction de prêcher l’Évangile durant cinq ans. La presse togolaise et camerounaise avaient qualifié le procès d’ambigue.