Le 14 janvier 2025, l’Assemblée Nationale de la Transition a adopté un nouveau Code électoral introduisant des dispositions inédites : les magistrats, militaires, comptables publics et agents des forces de sécurité pourront désormais se présenter aux élections. Une décision qui fait déjà couler beaucoup d’encre et suscite de vifs débats dans le pays.
Cette mesure transitoire, présentée comme un pas vers une plus grande inclusion des acteurs publics dans le processus démocratique, divise l’opinion. Jusqu’ici, les militaires étaient chargés de sécuriser les processus électoraux, et les magistrats, d’arbitrer les contentieux liés aux élections. Leur non-éligibilité garantissait leur impartialité et leur neutralité, des principes essentiels pour préserver la crédibilité des institutions démocratiques.

Cependant, ce nouveau texte modifie l’équilibre. Certains députés, proches du pouvoir de transition, saluent une « avancée démocratique », estimant que cette réforme élargit les opportunités de participation à la vie publique. D’autres, plus critiques, y voient une régression inquiétante. « Permettre aux magistrats et militaires de briguer des postes électifs, c’est entacher leur devoir de réserve et leur impartialité. Cela pourrait compromettre l’équité des élections et fragiliser la confiance des citoyens dans les institutions », s’inquiète un analyste politique local.
Cette réforme intervient dans un contexte délicat, alors que le Gabon s’efforce de retrouver une stabilité politique après une série de bouleversements. La mise en œuvre de ces nouvelles dispositions, et leur impact sur les prochaines élections, sera suivie de près par les observateurs nationaux et internationaux. Si l’inclusion est un principe louable, elle ne devrait pas se faire au détriment de la transparence et de la crédibilité démocratique.
À l’image du projet de Constitution passé au referendum mi-novembre 2024, ce nouveau code électoral semble taillé sur mesure pour légitimer les ambitions politiques des putschistes décidément engagés à rester au pouvoir au terme de la transition.

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