La liberté d’expression semble à nouveau mise à mal au Gabon. Un jeune homme, ancien dealer reconverti dans la menuiserie, a été arrêté sur son lieu de travail après la diffusion d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.

Dans celle-ci, il critique l’absence de politiques de réinsertion sociale pour les anciens détenus et accuse les hautes sphères de l’État – politiciens, généraux, et même juges – de complicité dans les réseaux de trafic de drogue.

Une prise de parole courageuse mais risquée

Dans la vidéo, le jeune homme se présente comme un ancien délinquant ayant purgé sa peine, aujourd’hui en quête de réinsertion dans la société. Il y décrit les obstacles auxquels il fait face, notamment l’absence de soutien institutionnel pour se reconstruire après la prison. Son témoignage poignant, reflet d’une réalité souvent ignorée, a également pris une tournure politique en dénonçant la passivité et même l’implication directe des autorités dans le trafic de drogue.

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“Ce sont eux qui gardent les frontières, la drogue rentre comment ?”

L’un des propos les plus percutants de cette vidéo était son accusation envers les dirigeants politiques et les forces de l’ordre. Selon lui, des réseaux puissants faciliteraient l’entrée et la distribution de drogue dans le pays, profitant d’un système judiciaire corrompu et d’une surveillance défaillante aux frontières. Ces propos, bien que difficilement vérifiables dans leur intégralité, trouvent écho dans des scandales récents.

Un contexte troublant : 34 policiers suspendus pour trafic de drogue

En novembre 2024, 34 officiers et sous-officiers de la Police Nationale ont été suspendus pour leur implication présumée dans des réseaux de trafic de drogue. Cette affaire avait révélé des pratiques alarmantes : des dealers et consommateurs arrêtés sont souvent relâchés contre des paiements informels, une situation qui favorise la récidive. Ces faits semblent confirmer, en partie, les accusations du jeune homme, qui dénonçait un système gangrené par la corruption et où une partie des produits saisis est écoulée dans les quartiers défavorisés dans une « science sismique ».

Une arrestation controversée

L’arrestation de ce citoyen, perçue par beaucoup comme une tentative d’intimidation, suscite une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Plusieurs activistes et défenseurs des droits humains dénoncent une atteinte flagrante à la liberté d’expression.

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« Au lieu d’écouter ses revendications légitimes et de travailler à résoudre ces problèmes, on préfère le faire taire. Cela montre bien où se trouvent les priorités de nos dirigeants », a déclaré un militant.

La question de la réinsertion sociale : un enjeu ignoré

Ce témoignage met également en lumière un problème de fond : l’absence de politiques publiques pour accompagner les anciens détenus. Livrés à eux-mêmes, beaucoup se retrouvent dans des situations précaires, ce qui alimente le cycle de la criminalité.

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Alors que cette affaire continue de faire parler, elle soulève des questions cruciales sur l’état de droit et la gestion des fléaux sociaux au Gabon. Ce jeune homme, par son témoignage, a braqué les projecteurs sur des dysfonctionnements que l’on préfère souvent taire. Mais à quel prix ?