Nommé Directeur Général du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) le 19 décembre 2024 par décret présidentiel, Persis Lionel Essono Ondo fait l’objet de vives critiques quant à la véracité de son curriculum vitae.

D’après une enquête du média panafricain Africa Intelligence, son parcours professionnel serait marqué par des incohérences et des exagérations, remettant en question sa légitimité à diriger une institution gérant plus de 500 millions de dollars d’actifs.

Un CV sous la loupe

Présenté comme un « banquier d’affaires aguerri » sur le site officiel du FGIS, Essono Ondo revendique des expériences professionnelles dans des institutions prestigieuses telles que Natixis Capital Equity à Paris et Nexus Capital Market au Luxembourg. Cependant, Africa Intelligence souligne que ces entités n’existent pas ou ne sont pas enregistrées dans les registres officiels des pays mentionnés.

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Il est également le fondateur de la Racine Investment Bank (RIB), présentée comme un acteur clé de la mobilisation de capitaux pour les entrepreneurs africains. Or, cette banque basée à Londres apparaît comme inactive, avec un actif déclaré de seulement 100 livres sterling en 2023. Une filiale ivoirienne, Racine Investissement CI, créée en 2024 et présidée par Essono Ondo, semble être la seule structure réellement active, mais son rôle demeure limité.

Un profil politique plus qu’administratif

Au-delà des incohérences de son CV, Essono Ondo est également critiqué pour ses liens politiques étroits. Originaire d’Oyem, dans le nord du Gabon, région considérée comme un bastion des autorités de la transition, il aurait bénéficié d’un soutien politique important pour accéder à ce poste stratégique.

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Ancien cadre du parti Réagir, mouvement d’opposition à Ali Bongo, et proche de figures politiques comme François Ndong Obiang, Essono Ondo aurait été un fervent soutien du « oui » au référendum constitutionnel organisé en novembre 2024. Cependant, il a été exclu du parti peu après, ce qui alimente les suspicions autour de sa nomination.

Un scandale qui interroge sur les nominations pendant la transition

La nomination de Persis Lionel Essono Ondo, perçue comme un geste de favoritisme par certains observateurs, met en lumière des pratiques controversées dans la gestion des institutions publiques au Gabon. Alors que le FGIS est chargé de piloter les investissements stratégiques du pays, la mise en doute des compétences et de la crédibilité de son dirigeant pourrait ternir l’image de cette entité clé et fragiliser la confiance des partenaires économiques.

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En dépit des critiques, Essono Ondo s’est contenté de déclarer qu’il fournirait des preuves pour répondre aux accusations portées contre lui. Toutefois, ce scandale soulève des interrogations plus larges sur la transparence et la rigueur dans le choix des dirigeants d’institutions publiques au Gabon, en particulier sous le régime de transition dirigé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema. Sous l’ère d’Ali Bongo alors qu’il était porte-parole de Jean Ping, Essono Ondo était connu comme un avocat. Ce qui questionne sur sa carrière de banquier d’affaires aujourd’hui.