Depuis le début de la période de transition, les choix opérés par les autorités pour nommer les dirigeants des grandes institutions nationales suscitent de vives interrogations.
En seulement quelques mois, plusieurs responsables à peine installés se retrouvent accusés de mauvaise gestion ou de détournements de fonds publics. Les limogeages et suspensions en cascade révèlent une crise de gouvernance qui interpelle sur la pertinence des critères de sélection des élites nommées à des postes stratégiques.
Des nominations suivies de scandales
Les récents scandales financiers touchant des entités telles que la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP), Gab’Oil et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) sont autant de symptômes d’un problème systémique. Ces affaires traduisent une série d’« erreurs de casting » où des nominations non mûries, basées sur des critères d’allégeance ou de proximité personnelle plutôt que sur des compétences éprouvées, finissent par nuire gravement aux finances publiques.
Derrière les accusations de détournements ou de mauvaise gestion, le constat est accablant : des institutions vitales pour la stabilité du pays sont affaiblies par des choix de dirigeants qui s’avèrent inappropriés. L’État semble avoir privilégié des « copains, coquins et consanguins », perpétuant ainsi des pratiques clientélistes incompatibles avec une administration efficace et transparente.
Une gestion en crise
Le problème ne se limite pas aux scandales financiers. Les limogeages successifs de directeurs à la Poste Bank, la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire (AGASA) et l’École Normale Supérieure (ENS) témoignent d’un malaise profond. Ces suspensions, parfois non accompagnées d’explications claires, nourrissent un sentiment d’opacité et renforcent l’impression d’un manque de rigueur dans le processus de sélection des responsables.
La gestion par remplacements systématiques ne peut pas se substituer à une véritable réforme structurelle. Pire, elle alimente la méfiance des citoyens à l’égard des institutions et fragilise davantage une administration publique déjà affaiblie.
Les racines du mal
Quand les détournements de fonds, la corruption et le clientélisme sont tolérés, même indirectement, ils finissent par devenir endémiques. Ces pratiques gangrènent l’ensemble de l’administration et, par extension, toute la société. Un État qui se montre permissif face à ces dérives, en ne prenant pas des mesures correctives fortes, porte une lourde responsabilité dans la dégradation du tissu institutionnel.
Une opportunité manquée
La transition était une occasion unique de rompre avec les pratiques du passé et de redonner aux institutions leur crédibilité. Malheureusement, en optant pour des nominations souvent guidées par des logiques politiciennes ou de proximité, les autorités de la transition risquent de perdre la confiance de la population et de compromettre les réformes nécessaires pour redresser le pays.
Une voie pour l’avenir
Pour éviter de nouveaux scandales et rétablir l’intégrité des institutions, il est urgent d’établir des critères stricts et transparents pour la nomination des dirigeants. La compétence, l’intégrité et l’expérience doivent primer sur les affiliations personnelles ou partisanes. Par ailleurs, une communication claire et une justice impartiale dans le traitement des affaires en cours sont essentielles pour rétablir la confiance.
Les autorités de la transition ont la responsabilité historique de montrer l’exemple et de poser les bases d’un État réconcilié avec ses citoyens. Cela passe par des choix éclairés, mûris et guidés par l’intérêt général. Faute de quoi, la transition risque de se transformer en une autre opportunité gâchée.
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