Tombé en disgrâce après la chute de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) semble défier les pronostics en se repositionnant comme une force politique majeure à l’aube des élections présidentielles prévues normalement pour août 2025.

Le jeudi 2 janvier 2025, le PDG a tenu une réunion marquante à son siège du quartier Louis, dans le 1er arrondissement de Libreville, sous la direction de sa Secrétaire Générale, Angélique Ngoma. Malgré des démissions en série enregistrées pour se rallier au camp du nouveau pouvoir, le parti se dit confiant.

Le PDG : « une machine indestructible » ?

Lors de cette première rencontre de l’année, Angélique Ngoma a annoncé avec fierté l’adhésion de 3 000 nouveaux membres, un chiffre qui témoigne de la capacité du PDG à attirer encore des militants malgré son passé controversé. Cette dynamique pourrait illustrer la résilience du parti, souvent surnommé « la machine indestructible », une expression popularisée par la chanteuse gabonaise Creol.

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Outre l’annonce de ces nouvelles adhésions, le secrétariat général a exhorté cadres et militants à s’inscrire ou à vérifier leurs noms sur les listes électorales, une démarche cruciale dans le contexte de la révision électorale en cours sur tout le territoire national en vue des prochaines élections présidentielles.

Le retour controversée du « rouleau compresseur »

Le retour en force du PDG ne fait toutefois pas l’unanimité. Pour de nombreux Gabonais, ce parti incarne un système marqué par des décennies de gestion opaque des finances publiques et d’ingérence dans les processus électoraux. Après la chute d’Ali Bongo Ondimba en août 2023, une large partie de l’opinion espérait la dissolution du PDG, considéré comme le symbole d’un régime autoritaire et clientéliste mais au lieu de cela, il semble renaître de ses cendres.

Le parti semble aujourd’hui profiter d’un contexte politique où les formations alternatives peinent à structurer une opposition solide et où une partie de la population, en quête de stabilité, pourrait être tentée de renouer avec un acteur politique qu’elle connaît déjà.

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Un enjeu stratégique pour le « parti des masses » à la Présidentielle

Avec les élections présidentielles à l’horizon, la résurgence du PDG pourrait avoir un impact significatif sur le paysage politique gabonais. Si le parti parvient à capitaliser sur son réseau de militants de base et à mobiliser une partie de l’électorat, il pourrait jouer un rôle déterminant dans la prochaine configuration du pouvoir, surtout que certains de ses cadres sont encore dans les hautes sphères du pouvoir actuel.

Cependant, ce retour s’accompagne de nombreux défis. Le PDG devra convaincre qu’il est capable de se réinventer et de proposer un projet politique en rupture avec les pratiques décriées du passé. Les accusations de manipulation des résultats électoraux, les scandales financiers et les privilèges d’une élite restreinte continuent de hanter son image.

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Un avenir « en méfiance » avec le PDG

La renaissance soudaine du PDG suscite autant d’espoirs pour ses partisans que de craintes pour ses détracteurs. À quelques mois des élections présidentielles, l’opinion reste divisée : le parti parviendra-t-il à regagner la confiance des Gabonais ou son influence renaissante renforcera-t-elle les appels à un véritable renouvellement politique ?

Le refus de créer une commission “vérité – justice – réconciliation” au dialogue national pour établir les responsabilités dans les exactions commises par les leaders du PDG, le maintien de certains d’entre eux dans l’appareil stratégique du nouveau pouvoir, la réticence à prononcer la dissolution du parti et maintenant sa renaissance fulgurante malgré les démissions enregistrées en cascade sont autant d’éléments qui questionnent sur le jeu politique actuel et ses incidences sur l’avenir du Gabon.