Depuis plusieurs années, un mouvement de rejet de la présence militaire française s’intensifie en Afrique de l’Ouest et centrale.
Après le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal, le Tchad et, récemment, la Côte d’Ivoire, de nombreux États africains ont exprimé leur volonté de mettre un terme à cette coopération militaire perçue par beaucoup comme un symbole de néocolonialisme. Cependant, le Gabon semble prendre une direction opposée, suscitant des débats au sein de la population.
Un rejet massif dans plusieurs pays africains
En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a annoncé, fin 2024, que les bases militaires françaises seraient démantelées dès janvier 2025. Cette décision s’inscrit dans une vague de contestation similaire menée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui, après des coups d’État, ont exigé le départ immédiat des forces françaises. Au Sénégal, le gouvernement a également exprimé son intention de fermer toutes les bases militaires étrangères sur son sol.
Cette dynamique reflète une quête de souveraineté accrue et un rejet de l’héritage colonial. L’opinion publique dans ces pays voit souvent la présence militaire française comme une ingérence qui perpétue des rapports de dépendance.
Le Gabon et la « libération » en question
Dans ce contexte de rejet, le Gabon, malgré un coup d’État survenu le 30 août 2023, semble vouloir renforcer sa coopération avec la France. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, à la tête de la transition, a pris des positions qui vont à l’encontre de cette tendance régionale.
Suite au putsch, la France avait suspendu temporairement sa coopération militaire, mais les discussions avec Paris pour un rétablissement ont vite repris. Près de 400 soldats français restent stationnés au Gabon en permanence, un pays où la France maintient une présence militaire depuis des décennies et pour bien longtemps encore.
Des réactions contrastées au sein de l’opinion
Cette posture gabonaise divise l’opinion publique. Une partie de la population, principalement des jeunes militants panafricanistes, espérait une rupture totale avec le paternalisme français. Pour eux, le maintien des bases françaises constitue une atteinte à la souveraineté nationale.
D’autres, en revanche, voient dans cette coopération un gage de stabilité, notamment face aux défis sécuritaires dans la région. Le Gabon, pays riche en ressources naturelles, est également soucieux de préserver ses relations avec Paris pour des raisons économiques.
Un avenir brumeux pour les relations franco-africaines
Alors que la France voit sa présence militaire diminuer dans plusieurs régions du continent, la situation au Gabon illustre la complexité des rapports entre Paris et ses anciennes colonies. Entre aspirations à une indépendance renforcée et nécessité de partenariats stratégiques, l’avenir de ces relations reste à écrire.
Pour de nombreux observateurs, ce basculement vers une souveraineté militaire pourrait redéfinir les alliances géopolitiques en Afrique, avec un rôle croissant joué par des puissances comme la Russie, la Chine ou la Turquie. Le Gabon, pour l’heure, ne manifeste aucune intention de se séparer de la puissance militaire coloniale.
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