Ce 31 décembre 2024, à 19h45, depuis Makokou, chef-lieu de l’Ogooué-Ivindo, le président de la transition s’est plié à l’exercice annuel de la présentation des vœux à la nation.
Un moment solennel censé marquer une communion entre le pouvoir et le peuple, mais qui, cette année encore, laisse les Gabonais peu rassurés. Entre une prestation terne et des annonces peu convaincantes, l’intervention du chef de l’État a davantage soulevé des interrogations que suscité l’espoir.
Sur la forme
Sur la forme, le discours du Président a peiné à captiver l’audience. Arborant fièrement l’emblème de l’Ogooué-Ivindo, en hommage à la province qui l’a accueilli pour cet événement, il a livré une allocution marquée par un débit lent, une voix monotone et une gestuelle presque mécanique. Loin d’incarner le charisme et la l’éloquence attendus en pareille circonstance, le chef de l’État a donné l’impression d’un exercice récité, manquant de spontanéité et de chaleur.
Le choix de Makokou, présenté comme un symbole de décentralisation et de proximité avec les territoires, a été éclipsé par la forme terne de l’intervention, renforçant l’impression d’un discours à portée provinciale.
Sur le fond
Sur le fond, le discours a mis en lumière un écart abyssal entre les réalisations évoquées par le président et la réalité vécue par les Gabonais. Le chef de l’État a énuméré plusieurs succès prétendus, notamment :
• La réhabilitation des infrastructures routières : Pourtant, les routes restent impraticables dans de nombreuses provinces, avec des trajets interminables et des ponts toujours en attente de réfection.
• Un système de santé en redressement : Sur le terrain, les hôpitaux manquent de médicaments, et les patients sont souvent laissés pour compte dans les structures hospitalières publiques ou contraints d’acheter leurs propres fournitures sanitaires.
• Des avancées dans l’éducation : Mais les échos des écoles surchargées et du manque criant d’enseignants et de manuels scolaires contredisent ce tableau idyllique.
Ces contradictions renforcent l’impression d’un décalage entre le sommet de l’État et les réalités du “Gabon d’en bas”, où le quotidien reste marqué par des difficultés persistantes.
Des annonces pour 2025 : entre pragmatisme et rêves idylliques
Pour l’année 2025, le président a formulé plusieurs grandes promesses, parmi lesquelles :
1. L’organisation d’élections présidentielles en grande pompe : Cette annonce, bien qu’attendue, reste floue quant à la garantie d’une transparence réelle et d’une participation inclusive surtout avec le transfert de l’organisation des élections politiques au Ministère de l’Intérieur..
2. Une relance économique ambitieuse : Sans détails concrets sur les moyens à mettre en œuvre, cette promesse semble davantage relever du vœu pieux que d’un projet réalisable.
3. La transition énergétique et environnementale : Si le Gabon aspire à une “économie verte”, cette ambition paraît hors de portée dans un pays où l’accès à l’électricité reste un défi majeur.
Un décalage avec les réalités des populations
Au-delà du déni des réalités sociales et des promesses idylliques, ce discours soulève une question essentielle : le Président de la transition est-il réellement en phase avec les attentes et les besoins du peuple ? La présentation de vœux, censée être un moment de proximité et d’espoir, a été perçue par beaucoup comme un exercice périlleux. On se croirait dans deux Gabon parallèles.
Les Gabonais attendaient des réponses claires sur leurs préoccupations immédiates : la lutte contre le chômage, la baisse du coût de la vie, et l’amélioration des services publics de base. Au lieu de cela, ils ont eu droit à une liste de réalisations mitigées et à des promesses qui peinent à convaincre.
En 2025, le peuple gabonais n’attend pas des discours, mais des actes. Et si les promesses ne se traduisent pas en réalité, ce fossé entre le pouvoir et les citoyens ne fera que se creuser davantage.
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