Annoncé comme un événement artistique majeur, le concert de L’Oiseau Rare ce samedi 21 décembre a servi également de tribune pour la propagande politique et électoraliste.
En effet, pendant une transition musicale, Régis Massimba, un maître de cérémonie proche du régime déchu taxé de « Kounabeliste » pour son zèle débordant, est monté sur scène pour faire un discours dithyrambique à l’endroit du Président de la Transition et appeler la jeunesse à faire de lui le prochain president élu du Gabon au terme de la transition militaire :
« Bonsoir à tous. On va pas tuer le spectacle, loin s’en faut. On est là juste de passage. Trois petites minutes et on s’en va. Je viens ici parce que j’ai été mandaté par lui-même, le président de la République, chef de l’État, qui m’a demandé de vous dire à vous, la jeunesse, merci pour soutenir tout ce qu’il a fait jusqu’à présent, c’est grâce à vous. Il a levé le couvre-feu, c’est pour vous. Et nous, on a une seule façon de dire merci au président de la République, c’est de faire en sorte qu’un jour, il soit définitivement notre président. On va remercier le président, s’il vous plaît : Oligui Président ! Oligui Président ! Oligui Président ! Le pouvoir est entre les mains de la jeunesse, parce que c’est vous qui dominez le Gabon comme la Ntcham domine le monde », a-t-il déclaré sous de faibles acclamations.
Quelques jours plus tôt, l’artiste L’Oiseau Rare avait été reçu par le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguéma. Il lui avait acheté 2 000 billets du concert pour une valeur totale de 10 millions de francs CFA. Des heures plus tard, le couvre-feu en vigueur depuis le coup d’Etat a été levé et l’artiste s’est même vanté sur les réseaux sociaux d’avoir intercédé en faveur de la levée du couvre-feu.
OmwanaWintché, un activiste gabonais très virulent contre le pouvoir avait, le 19 décembre dernier, soit 2 jours plus tôt, écrit sur sa page Facebook que ce concert n’était pas celui de l’artiste L’Oiseau Rare, mais celui du Président de la Transition pour conforter son pouvoir avant de rajouter « Je les vois déjà crier “Oligui Président ! ” dans la salle ». Une déclaration considérée comme une prophétie à la lumière des événements aujourd’hui.
Le 21 décembre 2024, jour du concert, le Président de la Transition ne se présente pas au concert, mais il mandate son Ministre de la Culture pour remettre à l’artiste sur scène son certificat de naturalisation, plus un passeport gabonais et une montre de luxe. Une traitement particulier envers l’artiste qui divise l’opinion. Si certains y voient une marque de reconnaissance, d’autres, en revanche, fustige un décret de naturalisation problématique.
Dans un sondage anonyme lancé sur la chaîne WhatsApp de Funny Gabon, plus de 70% des participants estiment que « C’est une stratégie politique pour que l’artiste mobilise les jeunes lors des prochaines élections ». Une réponse plutôt logique et corroborée par l’appel au soutien lancé par Régis Massimba en plein concert, sans compter le traitement de faveur et les présents offerts à l’artiste avant et pendant l’événement.
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