Le groupe Foberd Gabon, filiale d’une multinationale camerounaise, est au cœur d’un scandale alimentaire majeur depuis début décembre 2024.

Les autorités gabonaises ont découvert que l’entreprise commercialisait des produits impropres à la consommation, notamment des boissons gazeuses potentiellement dangereuses et des viandes avariées. Cette situation a conduit à la fermeture de plusieurs de ses unités de production et à l’arrestation d’une quinzaine de responsables de l’entreprise.

Face à ces mesures, le Cameroun est intervenu diplomatiquement pour défendre les intérêts de Foberd Gabon. L’ambassadrice du Cameroun au Gabon, Édith Félicie Nga Eto Zam, a sollicité et obtenu une audience auprès du ministre gabonais des Affaires étrangères le 9 décembre 2024, a-t-on appris de nos confrères “Le Journal du Cameroun”. Elle a exprimé les préoccupations de son gouvernement concernant les actions entreprises contre Foberd Gabon, plaidant pour la libération des responsables incarcérés et la réouverture des entités fermées.

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La pression diplomatique camerounaise se serait intensifiée en marge du sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) qui s’est tenu récemment. Les autorités gabonaises auraient donc été sommées de réhabiliter Foberd Gabon, mettant en lumière les tensions entre souveraineté nationale et relations diplomatiques sous-régionales.

En réponse à ces pressions, les autorités ont procédé à des changements au sein de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA). Le directeur général de l’AGASA, initiateur de l’enquête ayant conduit aux sanctions contre Foberd Gabon, a été démis de ses fonctions lors du conseil des ministres du 19 décembre 2024. « Pour éviter une crise avec Yaoundé, Libreville limoge […] le DG de l’Agasa », a titré EcoMatin, un média camerounais chargé des questions économiques et financières. Cette décision soulève des interrogations quant à l’indépendance des institutions gabonaises et à la capacité du pays à faire respecter ses normes sanitaires face aux influences extérieures.

« Le Gabon n’est pas une poubelle dans laquelle, n’importe quel homme d’affaires viendrait jeter les déchets de sa soit de gain. La santé des personnes vivant au Gabon, a autant de valeur que celle de n’importe quels autres êtres humains, vivant sous n’importe quels cieux. Le reconnaitre est un devoir de justice. », avait déclaré Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, PCA de l’AGASA, le 14 décembre 2024 peu avant le remaniement de l’organigramme de l’entité.

Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontés les États de la sous-région en matière de sécurité alimentaire, de souveraineté nationale et de relations diplomatiques. Elle souligne également l’importance d’une coopération renforcée entre les pays de la CEMAC pour garantir la protection des consommateurs tout en préservant des relations bilatérales harmonieuses.

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