Ce mardi 17 décembre 2024, le tribunal de Karabük, dans le nord de la Turquie, a prononcé l’acquittement de l’unique homme jugé dans l’affaire Jeannah Danys Dinabongho Ibouanga appelée affectueusement « Dina », une étudiante gabonaise de 17 ans, selon plusieurs médias turcs. Une décision controversée qui soulève autant de colère que de questions, tant pour la famille que pour les défenseurs des droits humains.
L’homme de 55 ans, accusé d’« assassinat » et d’« agression sexuelle », a été jugé non coupable malgré l’opposition du parquet, qui réclamait une condamnation. Ce verdict, susceptible d’appel, constitue une profonde déception pour la famille de Dina, mais aussi pour les nombreux militants féministes et associations qui avaient suivi cette affaire de près.
Dina avait été retrouvée sans vie en mars 2023 dans une rivière de Karabük. Depuis, l’enquête et le procès sont marqués par des lacunes dénoncées par les avocats de la famille, qui accusent les autorités d’avoir négligé des pistes cruciales.
Une enquête et un procès controversés
Les avocats de la famille de Dina ont pointé plusieurs incohérences et omissions dans la gestion de l’affaire :
– Les circonstances troublantes avant sa mort : des vidéos de surveillance montraient Dina courant pieds nus hors de son immeuble, en pleine nuit. Selon plusieurs témoins, elle aurait été retenue contre son gré dans le sous-sol de ce même bâtiment.
– Un contexte inquiétant : Dina aurait reçu des messages à caractère sexuel et s’était plainte de harcèlement, de racisme et même de pressions liées à un potentiel réseau de prostitution dans la ville. Ces éléments, pourtant alarmants, n’ont jamais été pleinement investigués par les enquêteurs.
Un suspect unique, un mystère intact
L’homme acquitté, dont la voiture aurait été arrêtée par Dina cette nuit-là, demeure la seule personne à avoir été jugée dans cette affaire. Pour les avocats de la famille, cette focalisation sur un seul suspect a détourné l’attention sur d’autres pistes et potentiels responsables.
La mort de Jeannah Danys Dinabongho Ibouanga avait suscité une vive émotion au Gabon, mais également en Turquie, où des associations féministes ont dénoncé le manque de transparence dans cette affaire. Son portrait, brandi lors de conférences et manifestations, est devenu un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes et les discriminations raciales.
Malgré l’acquittement de ce jour, la famille de Dina et ses avocats continuent de réclamer justice. Pour eux, ce verdict ne met pas fin à leur quête de vérité, mais renforce leur détermination à comprendre ce qui est arrivé à la jeune femme cette nuit tragique.
(c) Gabon 24
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