Dans la nuit du 13 au 14 décembre 2024, une opération coup de poing menée par la Gendarmerie Nationale à Libreville et ses environs a abouti à l’arrestation de 154 individus.
Parmi eux, des jeunes gabonais et des étrangers, arrêtés pour des motifs allant de la détention d’armes blanches au trafic de cannabis, en passant par le vol. Toutefois, la majorité – 145 personnes – a été interpellée pour une simple violation du couvre-feu et d’autres délits mineurs.
Si l’objectif annoncé de cette opération était la lutte contre le grand banditisme, les méthodes employées suscitent une vive controverse. Selon des témoignages et des images circulant sur les réseaux sociaux, certains jeunes arrêtés ont été humiliés publiquement, leurs têtes rasées, avant d’être exposés comme des criminels.
Une confusion entre grand banditisme et infractions mineures
L’opération, qui a mobilisé des unités de la Gendarmerie Départementale, de la Direction Générale des Recherches et des écoles de formation, a permis l’arrestation de quelques délinquants présumés :
• Quatre individus en possession d’armes blanches.
• Deux en flagrant délit de braquage.
• Un narcotrafiquant présumé avec huit bottes de cannabis.
• Un voleur de compteurs d’électricité.
• Et un sans-papiers.
Cependant, la majorité des interpellés – 145 jeunes hommes et femmes – a été arrêtée pour avoir violé le couvre-feu ou d’autres infractions mineures. Ce mélange des genres, qui associe de simples contrevenants à des criminels avérés, interroge sur la proportionnalité de l’opération et le respect des droits fondamentaux.
Humiliation publique : une atteinte à la dignité humaine
La décision de raser la tête des jeunes arrêtés pour violation du couvre-feu, suivie d’une exposition publique, a choqué de nombreux observateurs. Ces pratiques, jugées humiliantes, rappellent des méthodes d’un autre âge et soulèvent des questions sur la protection des droits de l’homme au Gabon.
Violer un couvre-feu ou ne pas avoir de papiers d’identité sur soi ne constitue pas un crime. Ces infractions mineures ne justifient ni un traitement dégradant, ni une stigmatisation publique. Selon plusieurs défenseurs des droits humains, ces pratiques violent le principe de la présomption d’innocence et les engagements internationaux du Gabon en matière de droits de l’homme.
Une promesse de dignité bafouée
Le gouvernement actuel, issu d’une transition politique, avait promis de “restaurer la dignité des Gabonais”. Or, cette opération soulève des doutes sur la sincérité de ces engagements. Les citoyens demandent des réponses : pourquoi ces jeunes ont-ils été traités comme des criminels alors qu’ils n’ont commis que des infractions mineures ? Où s’arrête la lutte contre l’insécurité, et où commence la répression arbitraire ?
Un appel à la justice et à l’équilibre
Pour restaurer la confiance entre les citoyens et les forces de sécurité, il est impératif de garantir une justice équitable et proportionnée. Les opérations visant à renforcer la sécurité doivent respecter les droits fondamentaux et éviter de sombrer dans des excès qui alimentent la colère et l’incompréhension.
La sécurité est un droit, tout comme la dignité humaine. Rester dehors après le couvre-feu ne doit jamais devenir un prétexte pour humilier publiquement des citoyens alors que des alertes sur les cas de disparition sont courantes et aucune mesure de sécurité n’a été prise. Un pays dit libéré ne saurait tolérer de telles dérives.
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