Il est frappant de constater la place de plus en plus prépondérante des Libanais dans l’économie de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Leur présence est devenue si visible qu’elle soulève de sérieuses interrogations.
Comment des ressortissants d’un pays en crise économique et humanitaire parviennent-ils à occuper une position aussi influente, et parfois privilégiée, dans les structures économiques de leurs pays d’accueil en Afrique ? Ce paradoxe laisse perplexe.
Le Liban, pour sa part, traverse une crise sans précédent. Son économie est en déclin, sa monnaie a perdu une grande partie de sa valeur, et une grande majorité de ses habitants vivent grâce à l’aide internationale. Dans ce contexte, beaucoup de Libanais émigrent, notamment vers l’Afrique noire, avec pour ambition affichée de “contribuer au développement économique” de leurs pays d’accueil. Pourtant, la question se pose : si leur expertise économique est si solide, pourquoi ne l’appliquent-ils pas d’abord chez eux pour relancer leur propre économie ?
Dans les pays d’Afrique, ces “grands hommes d’affaires” libanais construisent des réseaux puissants en nouant des relations privilégiées avec les hauts responsables locaux. Ce tissu de relations leur confère une sorte d’intouchabilité, où, bien souvent, ils sont favorisés au détriment des citoyens locaux. Les secteurs stratégiques leur sont ouverts et les contrats lucratifs semblent plus accessibles pour eux que pour les entrepreneurs nationaux. Ce favoritisme suscite des frustrations, car il réduit les opportunités pour les populations locales et perpétue une dépendance vis-à-vis de l’expertise étrangère, qui, dans ce cas, provient d’un pays en crise.
On est alors en droit de se poser la question : pourquoi leurs talents et compétences ne semblent-ils fonctionner qu’à l’étranger, et non dans leur propre pays ? Ce paradoxe mérite une réflexion profonde sur la nature de ces investissements et les implications réelles de cette mainmise sur l’économie locale.
Au-delà de la simple contribution économique, il s’agit de réfléchir aux moyens de rééquilibrer la balance pour qu’un citoyen national ne se retrouve pas systématiquement désavantagé sur son propre territoire. C’est un enjeu de souveraineté et de respect des compétences locales, qui, elles aussi, méritent d’être valorisées pour le développement de l’Afrique.
Au nombre des nationalités qui semblent jouir des passe-droits en Afrique subsaharienne, en général et au Gabon, en particulier, il y a également les Indiens, les Français, les Chinois et même les Camerounais. La Zone Économique de Nkok, située au PK27 de Libreville, est considérée comme un “lieu infernal” pour les travailleurs locaux avec des conditions de travail qui dénotent un esclavagisme moderne, parce que les entreprises étrangères qui y opèrent foulent au pied les législation en vigueur dans le pays et les responsables ne sont jamais inquiétés. De quoi susciter un vif sentiment d’injustice vis-à-vis de la main-d’oeuvre locale.
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