À Franceville, Oligui Nguéma fait les éloges de Mborantsouo et se fait rabrouer dans la foule

Dans le cadre de sa tournée républicaine pour mobiliser les populations en vue d’une éventuelle candidature à la présidentielle à venir, Brice Clotaire Oligui Nguéma, Président de la Transition, séjourne dans le Haut-Ogooué depuis le mercredi 17 juillet 2024.

Après un accueil chaleureux à l’aéroport de Mvéngué, Oligui Nguéma a prononcé un discours à la place des fêtes devant les populations venues nombreuses, profitant d’une journée déclarée fériée pour la circonstance. Son allocution a été marquée par des rappels sur les circonstances de sa montée au pouvoir et une reconnaissance des efforts fournis par d’autres Gabonais pour la réussite de cette opération d’envergure.

Cependant, une partie de son discours a suscité une vive réaction. « Nous n’étions pas seuls. Même Madame Mbourantsouo a fait de son possible pour annuler cette élection », a-t-il déclaré. Ces propos visaient à blanchir Marie Madeleine Mbourantsouo et à soustraire sa responsabilité de la gestion chaotique du pays, en la présentant comme une défenderesse de la justice et de la démocratie. Une déclaration qui a immédiatement été contestée par un homme dans la foule qui a crié : « C’est faux ! ».

Marie Madeleine Mbourantsouo, qui était à la tête de la Cour Constitutionnelle depuis sa création en 1991 jusqu’à son éviction en 2023, est perçue par beaucoup comme une figure controversée. Pendant son règne à la Cour Constitutionnelle, elle a construit une réputation de « faiseuse de rois », en se montrant souvent partiale en faveur du Parti Démocratique Gabonais (PDG) lors des contentieux électoraux. Cette partialité a valu à son institution le surnom de « Tour de Pise », en référence à son inclinaison notoire.

Pour un Président de la Transition présenté comme un « libérateur » et qui prône la rupture avec les anciennes pratiques, il est surprenant et déroutant de l’entendre déclarer des propos aussi controversés en public. Les Gabonais, majoritairement critiques à l’égard de Mbourantsouo pour avoir placé ses intérêts personnels et ceux du PDG au-dessus de ceux du peuple, voient en cette déclaration une tentative malvenue de réécrire l’histoire.

Les éloges d’Oligui Nguéma envers Mbourantsouo risquent de ternir son image de réformateur et de semer le doute sur sa volonté réelle de changement. Ce faux pas pourrait bien influencer les perceptions à son égard à l’approche de la présidentielle, un rendez-vous électoral où chaque mot et chaque geste sont scrutés avec attention par une population en quête de véritables transformations.