Libreville, 17 mai 2024 — Ce mercredi, Brice Clotaire Oligui Nguéma, Président de la Transition, a présidé un Conseil de Ministres dans la salle habituelle du Palais de Rénovation. Durant cette séance, un projet de loi crucial a été proposé par le Ministère des Affaires Étrangères, chargé de l’Intégration sous-régionale et des Gabonais de l’Étranger. Ce projet de loi vise à instituer une prestation de serment pour les ambassadeurs et les gouverneurs avant leur entrée en fonction.
Selon le communiqué final du Conseil des Ministres, « Cette prestation de serment se déroulera au cours d’une audience solennelle présidée par le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, en présence des membres de la Cour constitutionnelle, du Premier Ministre et, selon le cas, du Ministre des Affaires Étrangères ou du Ministre de l’Intérieur. » Ainsi, les ambassadeurs et les gouverneurs devront désormais prêter allégeance et fidélité à Oligui Nguéma.
Ce développement législatif renforce les soupçons d’une manœuvre politique visant à consolider le pouvoir d’Oligui Nguéma. En effet, cette nouvelle exigence de serment semble garantir qu’aucun gouverneur ou ambassadeur ne pourra annoncer une éventuelle défaite électorale d’Oligui Nguéma dans leurs circonscriptions respectives, si ce dernier venait à se présenter aux élections, comme de nombreux indices le laissent présager.
Cette initiative s’inscrit dans une série de mesures controversées prises par Oligui Nguéma. Après avoir dissout le Centre Gabonais des Élections (CGE) et transféré l’organisation des élections au Ministère de l’Intérieur, géré par des militaires, il renforce encore son emprise sur le processus électoral. Ces changements législatifs et institutionnels apparaissent comme des tentatives flagrantes pour sécuriser une victoire aux prochaines élections post-transition.
De nombreux observateurs et analystes politiques dénoncent ces modifications comme une entrave sérieuse à l’épanouissement de la démocratie au Gabon. En réformant les lois de manière partielle et en sa faveur, le pays semble s’engager dans un recul démocratique inquiétant, mettant en péril les principes fondamentaux de transparence et d’équité électorale.
Le Gabon, autrefois considéré comme une nation en voie de démocratisation, risque désormais de sombrer dans un régime autocratique renforcé, où le pluralisme politique et la libre expression des suffrages sont sérieusement menacés. Les prochains mois seront décisifs pour observer l’évolution de cette situation et la réaction de la communauté internationale face à ce potentiel retour en arrière.
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