Les attentes étaient grandes, les espoirs nombreux, mais dès les derniers instants, les ombres du doute planent sur le dialogue national au Gabon. Les nouvelles autorités de la transition vont ouvrir les travaux le 2 avril prochain, cependant, pour certains observateurs avertis, les failles dans l’organisation laissent entrevoir un processus biaisé dès le départ.
Alors que certains acteurs, tels que les militaires, les représentants de l’église catholique et les membres du gouvernement, semblent déjà engagés en faveur du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI), le processus de sélection des participants provenant des partis politiques suscite des interrogations légitimes. En effet, les partis politiques sont appelés à soumettre des listes de représentants parmi lesquels seront choisis les participants au dialogue national, une méthode de tri qui soulève des critiques et des inquiétudes quant à son impartialité et les intentions inavouées des organisateurs.
Le lundi 25 mars 2024, un communiqué conjoint signé par la Ministre de la Réforme des Institutions et la Ministre de la Communication et des Médias a été publié, invitant les organes de presse à formuler des demandes d’accréditation pour couvrir les travaux du dialogue national. Cependant, la courte période allouée pour ces demandes, limitée à une seule journée, soulève des doutes quant à la transparence de ce processus. De nombreux observateurs y voient un stratagème visant à filtrer les médias et à restreindre la couverture médiatique des événements à venir.
Pire encore, au milieu des attentes du peuple gabonais pour que la vérité soit révélée sur la crise post-électorale de 2016 et que justice soit rendue, les propos de Laurence Ndong, Ministre de la Communication et des Médias, résonnent comme une déception amère. En déclarant que « le dialogue n’est pas un tribunal ni une commission vérité et réconciliation. Ce n’est pas un lieu de règlement de comptes », elle semble minimiser les attentes légitimes de ceux qui cherchent la justice et la vérité sur les événements tragiques qui ont suivi l’élection présidentielle d’août 2016.
Le parcours de Laurence Ndong, passant d’activiste de la diaspora à ministre de la transition, soulève également des interrogations quant à la sincérité de ses déclarations actuelles, contrastant avec ses prises de position antérieures. Alors que des militaires impliqués dans l’assaut contre le QG de Jean Ping en 2016 occupent des postes clés au sein des organes de la transition, les autorités militaires veulent détourner l’attention des questions cruciales de responsabilité et de justice qui suscitent des inquiétudes légitimes quant à l’intégrité du processus de dialogue national.
Face à ces failles apparentes dans l’organisation du dialogue national, il est impératif que les autorités de la transition prennent des mesures immédiates pour restaurer la confiance du peuple gabonais dans ce processus crucial pour l’avenir du pays. Sinon, les risques de voir ce dialogue se transformer en une simple mascarade politique seront malheureusement trop réels.
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