Suite au tragique événement survenu le 20 mars 2024 à Becuna, site pétrolier exploité par Perenco, où cinq travailleurs ont perdu la vie, dont un citoyen français, et où un autre reste porté disparu, une décision controversée a été prise par les autorités gabonaises. Le Procureur de la République près du Tribunal de Port-Gentil aurait autorisé Pérenco à procéder à une inhumation collective et rapide des corps, les considérant comme des indigents, à l’exception du citoyen français.
Pierre Johsan Aperano Essongue, Procureur de Port-Gentil, dont les décisions ont déjà été décriées dans la gestion de l’affaire Lionel Rekewa, aurait donné mandat à Pérenco pour que la société inhume illico presto les compatriotes gabonais victimes de l’accident sur la plateforme de Becuna, sauf pour le citoyen français décédé dans les mêmes circonstances qui, lui, bénéficie d’un autre traitement.
Cette décision, qualifiée de choquante et déplorable par de nombreux observateurs, a suscité un tollé au sein de la communauté. L’absence de respect et de reconnaissance envers les victimes et leurs sacrifices a été vivement critiquée, et cette précipitation dans les funérailles a été perçue comme une insulte à leur mémoire et un mépris manifeste à l’endroit de leurs familles exclues dans le processus de prise de décision.
Des questions légitimes se posent quant aux motivations derrière cette hâte à enterrer les corps des victimes. Pourquoi l’absence d’autopsie dans de tels cas pour servir de base à l’enquête ? Pourquoi le corps du citoyen français, Thomas Gares, n’a-t-il pas été inclus dans cette inhumation collective ? Tandis que les victimes gabonaises sont enterrées dans des fosses de moins d’un mètre et demi de profondeur, dans des cercueils « bon marché » et les tombes à moins d’un mètre les unes des autres dans du sable, sans caveau, la victime française reçoit les hommages et les honneurs de sa patrie, la France.
En procédant à ces inhumations expéditives, « Pérenco enterre [par la même occasion, ndlr] les preuves de sa negligence professionnelle, de ses nombreuses violations des normes de sécurité et du droit sur le lieu de l’accident au vu et au su des représentants de la justice gabonaise dont le Procureur de Port-Gentil », s’insurge un observateur contre l’autorité judiciaire qui a rendu cette décision.
Cette affaire met également en lumière les promesses non tenues du président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguéma, qui avait promis de « restaurer la dignité des Gabonais » lors de son investiture en septembre 2023. Au lieu de cela, l’action conjointe de Pérenco et des autorités judiciaires corrompues semble bafouer cette dignité en traitant les citoyens gabonais décédés dans cette tragédie avec un mépris flagrant, les enterrant dans des conditions indécentes.
Les interrogations sur les motivations de l’entreprise pétrolière à dissimuler les détails de cette tragédie se font de plus en plus pressantes. Une chose est sûre : après ces funérailles expéditives organisées par Pérenco, les Gabonais risquent de perdre davantage de leur dignité face aux multinationales opérant dans le pays. Cette affaire met en exergue la nécessité d’une enquête approfondie et transparente sur l’incident, ainsi que la révision des pratiques judiciaires et l’audit des protocoles de sécurité pour établir les responsabilités et garantir le respect et la dignité des victimes et de leurs familles.
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