Elle était la toute-puissante première dame aux côtés de son mari, Ali Bongo. Mais les excès de l’épouse française du chef d’Etat auront précipité la chute du régime. Balayant une dynastie qui a régné pendant plus d’un demi siècle sur le pays. Les masques sont tombés.

Au lendemain du coup d’Etat, plusieurs perquisitions ont eu lieu, ciblant particulièrement les réseaux de Sylvia Bongo et de son fils. Les internautes ont largement commenté, avec une jubilation vengeresse, les images de l’aîné, un peu hagard, vêtu d’un tee-shirt à l’effigie de Bambi, aux côtés de son « directeur de cabinet » Ian Guislain Ngoulou. Tous deux incapables d’expliquer le contenu exhibé face aux caméras : des valises remplies de billets, d’une valeur totale de 6 millions d’euros.

Dans une autre villa, appartenant à Sylvia, 200 milliards de francs CFA (soit 304 millions d’euros) en cash auraient été retrouvés. Mais dans ce cas, aucune image n’a filtré. « Il y a une grande part de mise en scène médiatique dans ces perquisitions. Le gouvernement de transition choisit qui il veut épingler sur la place publique. Nourreddin et ses potes ont humilié tant de gens. À commencer par le Général Oligui Nguéma, dont ils se méfiaient et qu’ils prévoyaient de limoger à l’issue des élections », souligne Bernard Christian Rekoula, un célèbre activiste de l’environnement aujourd’hui réfugié en France.

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Le silence qui entoure Sylvia signifie-t-il qu’elle sera épargnée ? Beaucoup de Gabonais s’interrogent sur la discrétion qui entoure sa détention. Dès le lendemain du coup d’Etat, deux avocats français ont déposé une plainte à Paris pour dénoncer son arrestation. Mais pour les nouveaux maîtres du pays, le sujet est délicat en raison de l’impopularité de la troisième épouse de l’ex-président. Lequel n’avait pas encore formellement divorcé de son union précédente, avec une Afro-Américaine, lors de son mariage avec Sylvia, célébré à une date restée imprécise.

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Des négociations ont certainement lieu en coulisse pour décider du sort de l’ex-première dame. D’autant qu’à la différence du Niger, où un putsch militaire a également eu lieu, un mois avant celui du Gabon, les relations avec Paris sont plutôt bonnes. Interrompue pendant quelques jours, la coopération militaire avec un pays qui abrite l’une des quatre bases françaises en Afrique a été rétablie cette semaine.

Reste que les masques sont tombés. Et quel que soit son sort, la reine déchue aura tout le loisir de méditer sur ce destin qui l’a fait passer de la jeunesse dorée et insouciante d’un pays de cocagne, érigé en symbole de la Françafrique, à épouse d’un « fils de » dont la légitimité n’a jamais été acceptée par les Gabonais. Refusant de comprendre que jamais une Française, même bien insérée, ne pouvait durablement dicter sa loi à un pays africain.

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PS : Cet article est un extrait du récit du journal français Libération intitulé “Coup d’Etat au Gabon : Sylvia Bongo, reine déchue de Libreville” paru le 16 septembre 2023.


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