C’est un phénomène social bien connu de tous. Les salariés gabonais n’aiment pas aller en retraite. Si sous d’autres cieux, les travailleurs initient eux-mêmes des procédures de mise en retraite anticipée pour se reposer en famille et profiter de la vie, au Gabon la retraite est perçue comme une fin tragique. Une peur qui traduit à la fois le mauvais traitement dont ils font l’objet et la perte des avantages liés aux fonctions.
Au Gabon, la retraite professionnelle est perçue comme une maladie contagieuse asymptomatique que tout le monde souhaite éviter d’attraper un jour. Si en 1998, le Gabon avait déjà porté l’âge de la mise en retraite de 55 à 60 ans pour les fonctionnaires et agents du secteur privé, ceux-ci souhaitent désormais être actifs jusqu’à 62 ans voire plus tant que la longévité et la santé le leur permettent. Qu’est-ce qui explique cette peur viscérale pour la mise en retraite censée être une période de repos ?
L’article 62 du Code du Travail gabonais définit le départ à la retraite comme une « cessation par le travailleur atteint par la limite d’âge, de toute activité salariée. Il intervient à l’initiative de l’employeur ou du travailleur […] ». Conformément aux dispositions légales, l’âge limite de départ à la retraite est actuellement fixé à 60 ans officiellement, même si certains salariés font des recours et des demandes d’autorisation spéciale pour être en service encore plus longtemps.
Si dans les conditions fixées par le Code de Sécurité Sociale, « le départ à la retraite ouvre droit, au profit du travailleur, à une pension de vieillesse ou à une allocation de vieillesse », ce n’est toujours une joie d’être un retraité gabonais. Surtout pas en 2022 où des personnes qui ont investi de longues années de leurs vies au service des administrations publiques et des entreprises privées sont traitées comme des persona non grata.
Avec une pension payée de façon irrégulière voire aléatoire selon les caprices de la trésorerie, nos « vieux » résidant à Libreville où les prix des produits de première nécessité flambent chaque jour sont obligés de s’endetter ou de mendier pour subsister. Lorsque l’attente est beaucoup trop longue, ils organisent des sit-ins devant le siège de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) – en difficulté de paiement aujourd’hui et désormais gérée par une administration provisoire – avant d’être gazés et violentés par les forces de l’ordre fortement mobilisées pour la circonstance.
Outre la condition du retraité jugée déplorable, une autre raison plausible explique pourquoi les travailleurs gabonais craignent le départ à la retraite comme un chat craint l’eau.
S’il est vrai que la condition du retraité gabonais est peu enviable et suscite la crainte chez les travailleurs, ce n’est pourtant pas le véritable motif de leur peur viscérale qui se manifeste par un accrochage au poste. Partir en retraite signifie « se retirer de la vie active » et « abandonner ses fonctions ». C’est cet abandon forcé des fonctions et la perte des nombreux avantages inhérents qui créent chez le travailleur gabonais un malaise vagal traduit par une angoisse à l’approche de la soixantaine.
En réalité beaucoup de salariés gabonais ne préparent pas leur retraite. Ils profitent au maximum de leur argent, de leur position et des avantages inhérents sans se soucier qu’il arrivera un temps où ils seront appelés à faire valoir leurs droits à la retraite. Et lorsqu’ils s’en rendent finalement compte, c’est généralement à partir de 55 ans. Trop tard ! Éternels locataire s sans épargne ni investissement avec des enfants à nourrir et à scolariser, ils se retrouvent très vite piégés par leur propre inconscience. C’est ainsi que la retraite est beaucoup plus perçue comme une perte d’avantages qu’une période de repos mérité.
Qu’oooh « aucune brique n’ira au village ». Mais si vous ne pouvez acheter des briques au village pour construire votre maison de repos, achetez-en une certaine pour faire votre tombe. Cela évitera de faire dépenser les autres inutilement. 😅😂
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