L’ancien porte-parole de la présidence de la République est présenté depuis ce lundi, devant la cour criminelle spécialisée pour détournement de fonds publics, complicité de détournement de fonds publics, concussion et blanchiment des capitaux. Son ex-assistante, Sandy Ntsame Obame est aussi à la barre pour complicité de détournements.

Il disposait mensuellement de 150 à 350 millions de FCFA pour le financement de la communication présidentielle. Tout en contestant le détournement de cet argent, les avocats de la défense assurent qu’il ne s’agit pas d’argent public et ont contesté la constitution de partie civile de l’agence judiciaire de l’État.

Estimé à 7 milliards de FCFA pour le financement de la communication présidentielle, les fonds supposément détournés par Ike Ngouoni entre septembre 2017 et novembre 2019 étaient-ils des fonds publics ? C’est le premier débat qui a opposé l’accusation et la défense dès l’entame de l’audience ce lundi devant la cour criminelle spécialisée. Estimant que ces fonds ne sont en rien des fonds publics, Me Carole Moussavou et Me Anges Kevin Nzigou ont soulevé une exception liée à la constitution de partie civile de l’agence judiciaire de l’État (AJE).

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« Les fonds prétendument détournées ne sont pas issus d’une ligne budgétaire publique, mais d’un compte privé : celui du président de la République Ali Bongo Ondimba, la Société internationale de services export Gabon, la SISEG », rectifie Me Carole Moussavou, exhibant un décret censé contraindre la cour à déconstituer l’AJE.

En réaction, les avocats de l’AJE ont estimé que ce débat n’avait pas lieu d’être et que cette préoccupation aurait d’ailleurs dû être soulevée lors de l’instruction de l’affaire qui a duré 3 ans. « Tant qu’on n’a pas traité de l’affaire au fond, le recours à l’inconstitutionnalité de l’AJE peut être soulevé à tout moment », a rétorqué la défense.

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La cour, qui a suspendu l’audience une vingtaine de minutes, n’a pas accédé à la demande de l’accusation. Durant l’instruction, Ike Ngouoni a reconnu avoir reçu chaque mois entre 150 et 350 millions de FCFA pour le financement de la communication présidentielle.

« À la DGR, j’ai été humilié, déshabillé et laissé torse nu, en slip près de 48 heures dans une salle appelée le mitard. À la prison centrale, j’ai été extrait au moins trois fois de ma cellule par le directeur général de la sécurité pénitentiaire pour subir des intimidations. Tous ces faits, j’ai souhaité les déposer auprès de la juge d’instruction, il m’a été répondu que ce n’était pas possible », a-t-il indiqué devant l’assistance triste et effarée. Non sans manquer de préciser que ces aveux soutirés par la force auraient concouri à « incriminer Brice Laccruche Alihanga », rapporte notre confrère Gabon Review.

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L’ancien porte-parole de la présidence de la République a également reconnu avoir bénéficié de 25 millions de FCFA par mois de primes, octroyé par son ex-patron Ali Bongo, pour sa fidélité et la qualité de son travail.