Révélations détonantes que celles de Pierre Claver Maganga Moussavou, à Mouila, sur la gestion de l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) d’Ali Bongo en octobre 2018. Dans une vidéo publiée sur YouTube, le 12 mars, le vice-président de la République au moment des faits est formel : au plus fort de sa maladie, Ali Bongo a été instrumentalisé par des « gens assoiffés de pouvoir ».

Les langues commencent à se délier plus de deux ans après les évènements malheureux de Ryad, en Arabie Saoudite, où Ali Bongo a été victime d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) en octobre 2018. Aux premières loges de la gestion de cette crise, Pierre Claver Maganga Moussavou, vice-président de la République au moment des faits, a vidé son sac à la faveur d’une causerie politique, dont la vidéo a été partagée sur YouTube par l’activiste Stéphane Zeng, le 12 mars.

« Certains membres de sa famille et avec des collaborateurs du chef de l’Etat ont souhaité faire un coup d’Etat. Ceux qui avaient dit que le président ne devait pas aller en Angleterre parce qu’on le traiterait pour un moins que rien, qu’il fallait qu’il aille au Maroc chez son frère le roi du Maroc, où il serait traité en chef d’Etat, Nourredine Bongo nous a menacé pour nous dire que si son père mourrait, il nous tiendrait pour responsable. J’ai blâmé Nourredine pour lui dire que je suis son père et oncle, on ne parle pas comme ça à de grandes personnes. Et que par conséquent, Issoze Ngondet, Mborantsouo et moi-même allons partir à Ryad poser la question à Ali Bongo et lui poser la question où il veut aller. Finalement, il a été décidé qu’il ira au Maroc. Mais il n’empêche qu’on a eu tort de vouloir protéger le président, puisque le ministre des Affaires étrangère a sauté, l’ambassadeur qui était à Ryad a sauté, l’ambassadeur qui était au Maroc a sauté, le ministre de la Défense a sauté, et le Premier ministre, paix à son âme, on l’a fait sauter pendant que c’était moi qui assurais l’intérim du chef de l’Etat », a indiqué Pierre Claver Maganga Moussavou.

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« A mon insu, on fait un remaniement, je n’ai rien dit. Parce que, normalement, pour ceux qui connaissant l’administration, quand vous avez un intérimaire, on ne revient pas de son lit d’hôpital pour venir signer des décrets en lieu et place de celui qui a été désigné officiellement, puisqu’on a modifié la Constitution pour que Maganga Moussavou assure l’intérim d’Ali Bongo. Mais tout ça, je n’ai rien dit. Ce sont de pauvres gens, assoiffés de pouvoir, qui ont instrumentalisé le président alors qu’il n’était pas en droit de signer. Je n’ai rien dit parce qu’il fallait protéger ce pays, il fallait protéger le président. Et c’est ainsi qu’après avoir fait partir Issoze Ngondet, il fallait s’occuper de Maganga Moussavou : il fallait donc inventer une histoire, celle du Kevazingo », a révélé le président du Parti social-démocrate (PSD), sans jamais dévoiler l’identité de celui ou ceux qui ont instrumentalisé Ali Bongo.

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L’on peut du reste s’interroger sur le minutage de ces révélations. Pierre Claver Maganga Moussavou l’aurait-il mauvaise du fait de l’éviction de son fils du gouvernement ? Ou a-t-il simplement décidé d’édifier l’opinion sur la gestion abracadabrantesque, il y a deux ans, de la maladie d’Ali Bongo ? Qualifiant cette sortie de « sinistre comédie», Bruno Ben Moubamba estime que ce n’est qu’un « discours – chantage » pas du tout crédible. En tout cas, l’opinion se fera sa propre idée.

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