Que l’on soit à la Gare Routière, au Carrefour Léon MBA, à Petit Paris ou à la Zone Industrielle d’Oloumi (ZIO), on y trouve plusieurs démarcheurs qui arpentent les couloirs et les abords des surfaces commerciales à la recherche des clients potentiels sur lesquels avoir un « mangement ».

Qu’est-ce qu’un démarcheur ?

À Noël, par exemple, vous vous rendez dans un magasin pour acheter des cadeaux aux enfants — même si le mensonge consumériste veut que l’on dise que c’est le père Noël qui les apporte. Vous descendez du taxi et un individu, de sexe masculin en général, vous aborde en vous présentant un prospectus et vous invite à visiter un ou plusieurs magasins où des articles seraient vendus au prix le plus bas du marché. Ne vous emballez pas trop vite, vous êtes certainement en face d’un démarcheur.

De façon générale, un démarcheur est une personne qui prospectent les clients pour une entreprise et facilitent leurs achats en magasin. Ils sont rémunérés par l’entreprise elle-même sur la base d’un arrangement préalable. Au Gabon, la pratique se manifeste par une surfacturation laissant penser à une escroquerie.

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Comment reconnaître un démarcheur ?

Pour reconnaître un démarcheur, c’est simple. Il arbore toujours un sourire espiègle voire coquin et commence son propos par un « bonjour ma chérie », « salut abo » ou « bonsoir patron ». Il est collant et plus saoulant qu’une Doppel chaude. Il n’hésite pas à vous suivre quelques mètres plus loin en vous rabâchant les oreilles avec la même rengaine. En un mot, un démarcheur se reconnaît par sa démarche. À défaut de convaincre, il arrive qu’il agace et pompe de l’air aux passants.

Comment opère-t-il ?

Selon la Funny Gabon Research Institute (FGRI), 99,93% de démarcheurs ont un contrat de confiance avec les gérants des surfaces commerciales. Ces derniers n’ont rien à perdre car les commissions des démarcheurs ne sont pas déduits du prix de l’article, mais plutôt rajouté au tarif de base. Par exemple, si une mini gazinière coûte en boutique 55 000 Francs CFA, soit 1 000 000 Francs Guinéens, le démarcheur vous dira que c’est 72 000 Francs CFA. Même après de longues minutes de négociation avec une femme Nzebi radine, le commerçant ne descendra jamais à 55 000 Francs CFA car le surplus revient à son complice, le démarcheur.

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Il arrive même qu’un client négocie le prix directement avec le démarcheur sans passer par le gérant qui lui ne fera qu’encaisser l’argent. Un article que vous auriez pu acquérir bien moins cher si vous étiez allé vous-même en boutique sans l’intervention d’un démarcheur est vendu beaucoup plus cher.

Quelles sont les conséquences pour les commerçants ?

La pratique a tellement pris de l’ampleur que les conséquences se font déjà ressentir sur l’ensemble des commerces. Certains clients se sont vite rendus compte de cette arnaque 2.0 et ont simplement décidé de boycotter les magasins qui sous-traitent avec les démarcheurs véreux qui peuvent toucher jusqu’à 50% du coût de l’article sans effort.

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Conscients de la conséquence sur le chiffre d’affaires, certains magasins ont décidé d’interdire le démarchage. À l’entrée de plusieurs magasins, on peut désormais lire « Démarchage Interdit ». C’est ce qui est écrit pour regagner la confiance des clients. Mais en réalité, la mauvaise pratique suit toujours son cours.

Ce phénomène participe à rendre encore la vie plus pénible surtout pour les populations vulnérables qui vivent avec moins de 1 000 Francs CFA par jour dans le pays le plus riche d’Afrique où un bidon d’huile de cuisine de 5 litres fabriquée localement coûte plus de 7 000 Francs CFA.