SOS Prisonniers Gabon a saisi la Ministre de la Justice et demande l’ouverture d’une enquête et alerte sur le non accès aux services de santé en prison après qu’un prisonnier soit mort à la Prison Centrale de Libreville appelée communément « Sans Famille ».

Glokpon Thomas, incarcéré à la prison Centrale de Libreville depuis le 03 août 2007 est passé de vie à trépas le vendredi 08 octobre 2021 à 07 heures 40. Le 15 septembre 2021, il avait été victime de tortures. Il a subi le « pont », des coups de manches à pelle, ou encore des coups de câbles électriques.

Il a ensuite été mis en cellule d’isolement, menotté, avec interdiction de recevoir les visites des proches et interdiction de communiquer au téléphone avec le service social de la prison.

Tout est parti d’une affaire de chanvre indien. Thomas a été accusé d’avoir dissimulé du chanvre en prison. La sanction a donc été trouvé … la torture. Inutile de rappeler que la torture viole allègrement l’article premier de la Constitution gabonaise qui dispose « Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement ».

Ajoutons l’article 5 de la Charte Africaine des Droits de L’Homme et des Peuples (Cf. http://www.droit-afrique.com/upload/doc/autres-organisations-africaines/Afrique-Charte-des-droits-de-l-Homme.pdf), « Tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdites ».

Quant au Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (Cf. https://www.ohchr.org/fr/professionalinterest/pages/ccpr.aspx), il est écrit en son article 7 que « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » L’article 10 du même Pacte précise: « Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. »

Mais, malheureusement, toutes ces dispositions sont quotidiennement violées par certains agents de la sécurité pénitentiaire. Tout est une question de considération humaine, de respect de l’autre, même s’il est détenu. Il s’agit aussi d’un manque de formation des agents pénitentiaire à la gestion des situations difficiles en milieu carcéral. Car si les agents étaient formés, sachant ainsi mieux gérer leur stress, et conscients que le respect des droits humains est avant tout un acte de professionnalisme, ce genre de torture ne se passerait pas.

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Après avoir passé plusieurs jours en isolement, dans des conditions inhumaines, et sans soins médicaux, Thomas Glokpon en est sorti visiblement, visiblement, très amorphe. À ce moment, il n’a pas non plus vu un médecin. Le vendredi 08 octobre, il s’est réveillé très tôt, comme à ses habitudes, pour aller faire sa toilette. Et c’est en traversant la cour du 2eme quartier qu’il s’est écroulé, perdant connaissance.

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Aussitôt les responsables du quartier ont signalé l’urgence. C’est ainsi que Thomas est sorti du quartier pour la salle de soin intérieure, en attendant la montée du médecin ou des infirmiers. Mais trop tard, il avait déjà rendu l’âme.

Tristesse et stupeur sur tous les visages ce jour car Thomas était connu la quasi-totalité des prisonniers et agents affectés en détention. Avec sa formation de tôlier et soudeur. Thomas, de son vivant, a souvent dépanné les voitures des « Chefs » selon le récit de plusieurs sources.

SOS Prisonniers Gabon a donc déjà saisi la Ministre de la Justice, et va saisir la Commission Nationale des Droits de l’Homme pour demander l’ouverture d’une enquête indépendante sur les auteurs de la torture, et les circonstances réelles de la mort de Thomas Glokpon. Car seule une autopsie pourrait nous donner la réponse exacte, afin de faire la lumière sur cette affaire qui ternit une fois de plus l’image de la sécurité pénitentiaire et de notre pays.

Les tortionnaires doivent savoir que, quel que soit le temps que cela prendra, ils vont répondre de leurs actes devant la loi. S’ils échappent à la justice des Hommes, ils ne peuvent point échapper à la Justice Divine. SOS Prisonniers Gabon profite de l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme sur l’accès à la santé en milieu carcéral au Gabon. Ce droit pour les prisonniers et devoir des autorités envers eux est presque une chimère. Il suffit de prendre l’exemple de la prison centrale de Libreville.

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Les détenus malades y sont abandonnés à leur triste sort. Parfois ce sont les prisonniers qui se cotisent pour acheter les médicaments d’un autre détenu gravement malade. Quand un détenu se plaint qu’il est malade et souhaite voir le médecin de la prison, il faut attendre des jours, des semaines, afin que le malade soit examiné.

La négligence médicale est récurrente à la Prison Centrale de Libreville. Pire, l’infirmerie de la Prison Centrale n’existe que de nom. Même un comprimé d’Efferalgan y est quasiment introuvable. Organiser « Octobre Rose » à la Prison Centrale, c’est bien, mais équiper l’infirmerie c’est encore mieux.

SOS Prisonniers Gabon adresse ses condoléances à la famille de Thomas Glopkpon, aux proches et à ses connaissances.


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