Au Gabon, l’entrepreneuriat est devenu le nouvel évangile des dirigeants pour tenter de dissimuler leur incapacité à résorber significativement le chômage qui sévit chez les jeunes renforcé par le gel des recrutements à la fonction publique.
Pourtant, qui dit entrepreneuriat, dit environnement propice et accompagnement de qualité. Ce sont les fondamentaux. L’État doit fluidifier le processus de création d’entreprises et aider celles déjà créées à honorer leurs obligations fiscales et générer des profits pour en vivre pleinement.
Mais au lieu de cela, l’État est le premier oppresseur des entrepreneurs locaux — sans parrains. Les chefs d’entreprises sont asphyxiés par les taxes et les impôts très onéreux alors que les dirigeants eux-mêmes créent des sociétés offshore pour échapper au fisc gabonais. Une cupidité étatique qui pousse 2/3 des entreprises à mettre la clé sous le paillasson au bout de deux (2) ans d’existence.
Aujourd’hui, de plus en plus d’entrepreneurs sont des fonctionnaires. L’entrepreneuriat étant très fragilisé inconsciemment ou à dessein, il faut un avoir une source de revenu sûre pour couvrir les charges quand le business bât de l’aile.
Par ailleurs, l’expérience a prouvé que dans le cadre des partenariats publics-privés, l’État privilégie les entreprises étrangères — qui parfois reversent un pot-de-vin aux concédants ou les entreprises dont les gérants sont affiliés au parti au pouvoir ou appartenant à enfant de l’oncle du neveu de la maman d’un haut cadre. Une situation qui se décrit comme un caillou dans le soulier du pèlerin.
Pour faire des profits, l’État n’hésite pas à créer des agences « factices » à qui sont confiées des projets de plusieurs milliards de francs CFA. En réalité, ces entreprises appartiennent à Monsieur X et à Madame Y bien placés dans l’appareil étatique. Par ailleurs, les incubateurs créés dans le but d’aider les jeunes entreprises en leur offrant formation, conseil et financement se mués progressivement en des espaces de co-working qui font louer leurs locaux à la tête du client.
Au regard des précédents, on peut affirmer qu’au Gabon, un entrepreneur est un chômeur qui « se cherche encore ». Beaucoup ont essayé d’emprunter ce chemin périlleux, mais très peu ont réussi. Pour ceux qui ont réussi, les dessous sont plutôt renversants car au Gabon, derrière un entrepreneur à succès se cache un militant du Parti Démocratique Gabonais (PDG) de la première heure.
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