Brice Ndong, journaliste citoyen autoproclamé connu pour ses « grands dossiers » parfois biaisés par ses prises de position à demi-teinte, a publié ce lundi 11 octobre 2021 une billet sur son compte Facebook qu’il a intitulé « Révélations Exclusives » pour tenter de faire la lumière sur l’affaire Vanessa Ndong, victime d’une erreur médicale. Nous avons scruté les éléments pour démêler le vrai du faux. Voici le rapport !

Dans ce qui peut être considéré comme une interview de par son épilogue, Brice Ndong rapporte au discours indirect les propos de Pierre Nzenguet Mouélé, le docteur incriminé, pour donner sa version des faits afin de construire un débat contradictoire. Une démarche démocratique motivée par un besoin de transparence. Seulement voilà, moins de trois (3) jours après ses révélations tonitruantes, Brice a modifié son texte plus de vingt (20) fois. Ce qui pose le problème de l’authenticité de ces propos qui, normalement, ne sont pas censés être les siens.

Tout savoir sur la modification d’un texte sur Facebook

C’est assez facile de modifier ses publications Facebook. Bien que cela soit pratique lorsque vous effectuez des modifications, cela peut vous tromper si vous répondez à quelqu’un qui modifiera son message plus tard. Pour éviter l’embarras ou la pêche à la traîne, Facebook vous permet de voir l’historique des modifications de tout message qui a été modifié. C’est important pour la traçabilité.

La plupart du temps, les gens modifient des commentaires ou des articles pour corriger une faute de frappe ou corriger une erreur, ce qui ne présente aucune problème sur le fond du texte. Cependant, si vous trouvez que les réponses à un message n’ont pas de sens ou si quelqu’un prétend avoir dit une chose alors que tout le monde répond à quelque chose de différent, consultez cet historique des modifications pour voir ce qu’il a vraiment dit. Ce sont ses multiples reviens qui ont particulièrement attiré notre attention.

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Entre « attestation » et « diplôme » : Brice Ndong se fourvoie

Interviewé par Brice Ndong sur la polémique née de sa qualité de Chirurgien Orthopédique, Pierre Nzenguet Mouélé aurait dit, joignant la parole à l’acte, « Je vous remets exclusivement une copie de mon diplôme obtenu en France […]. » (cf. dernier de l’interview). Moins de 24 heures après, le mot « diplôme » a été remplacé par « attestation ». Ce qui n’est pas tout à fait la même chose du point de vue de la terminologie académico-professionnelle. Pourquoi modifier un texte qui est sensé être la retranscription fidèle des propos d’un individu rapportés au discours direct ?

[Changement de terminologie par B. Ndong]

Il existe évidemment une différence entre un diplôme et une attestation. Brice Ndong a justement compris à ses dépens que l’usage de l’un à la place de l’autre pourrait porter préjudice pour lui et son interlocuteur au moment de prouver sa qualification. Il y a différents types d’attestations. Certaines attestent uniquement la participation à une formation et, le cas échéant, à son évaluation et au niveau y correspondant. D’autres attestent la réussite à une formation, l’acquisition de crédits, l’avancement professionnel, etc. Ce qui est commun à toutes est qu’elles ne confèrent aucun grade académiques ou professionnel.

Le diplôme, quant à lui, est un titre de compétence attribué par un établissement d’enseignement certifiant qu’un apprenant a suivi avec succès un cours donné et confère à la fin d’un cycle, un grade académique ou professionnel avec les attributs y relatifs.

Défaut de clarté manifeste et omission volontaire

Dans le dernier paragraphe de ses « révélations » qui marquent déjà sa prise de position comme en témoignent ses précédentes publications, Brice Ndong dit avoir reçu une copie du diplôme justifiant la qualité de Chirurgien Orthopédique de Pierre Nzenguet Mouélé et comme par le plus curieux des hasards, il a oublié ou devrait-on dire, a feint d’oublier de publier le document pour « clore ce débat une fois pour toute » comme l’a indiqué le détenteur lui-même. À la place, il a plutôt publié une photo de la fiche de rendez-vous de Vanessa Ndong téléchargée sur la toile qu’il a joint aux quelques photos faites au domicile du Docteur pour faire plus sérieux.

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Sieur Ndong ferait-il allusion à l’attestation de réussite de la formation en gypsothérapie animée par Janine Toulon obtenue à l’école de Saint-Sernin-du-Bois en France le 17 mai 2014 ? Cela pourrait expliquer son changement de terminologie alors que les activistes tels que Stéphane Nzeng et Bandecon en Chef demandent à voir ne fût-ce que l’ombre de ce mystérieux document.

[Dr Nzenguet posant avec son attestation en gypsothérapie en compagnie de ses formateurs]

De journaliste citoyen à maître chanteur, il n’y qu’un pas

Invité plusieurs fois à se rendre auprès de Vanessa Ndong pour recueillir sa version depuis le début de l’affaire, Brice Ndong a préféré pointer plusieurs jours en attendant que Pierre Nzenguet Mouélé rentre d’Ékouk pour se rendre chez lui afin de l’entendre sur les faits qui lui sont reprochés. En l’absence d’un enregistrement audio, peut-on se fier à cette retranscription fidèle « pas comme on l’entend » ?

Le Wikitionnaire définit l’expression « journaliste citoyen » comme un « individu qui rapporte les événements autour de lui, et qui, par le biais des outils sur Internet, assume le rôle d’un journaliste sans avoir eu une formation journalistique ». En d’autres termes, il s’agit un informateur, ni plus ni moins car logiquement, il n’y a pas de formation en journalisme citoyen. Le fait que de nombreux journalistes citoyens défendent un point de vue ou souvent des militants pour une cause ou une idéologie particulière a suscité moultes réactions divergentes par le passé. De nombreux médias traditionnels accusent nombre de partisans du journalisme citoyen de manquer de l’objectivité nécessaire à la pratique du journalisme.

En mars 2020, la Haute Autorité de la Communication (HAC) avait décidé de suspendre Brice Ndong, Rédacteur en Chef du magazine Coopération Internationale pour 30 jours. La HAC l’accusait notamment d’orchestrer « un chantage éhonté » contre des opérateurs économiques installés dans la Zone Économique Spéciale de Nkok en vue d’en tirer des prébendes, selon une communication de l’institution.

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« Selon la décision lue par le conseiller membre de la HAC, Mouwaka Ngonga, le journaliste aurait publié une série de posts consacrés au mauvais traitement des employés de la Zone Économique à Régime Privilégié (ZERP) de Nkok. Le journaliste aurait affirmé entre qu’entre le 13 et 19 décembre 2019 qu’un ouvrier aurait trouvé la mort par inhalation des copeaux de bois retrouvés dans ses poumons » avait alors rapporté nos confrères de GabonActu.

Cette information serait invérifiable selon la HAC qui en plus de l’interdiction d’exercer son métier, enjoint le média à retirer les articles incriminés et à publier des démentis. « On peut tout me prendre sauf ma liberté de penser… Je suis un esprit fondamentalement libre … Vous ne pourrez jamais me faire taire », avait-il réagi sur son compte Facebook. Avant de promettre, « Je serai plus piquant qu’avant ». Ce qui pourrait expliquer la motivation de celui qui se revendique comme un « citoyen ».

Maître chanteur à la plume monnayable, voila la condition à laquelle est réduit Brice Ndong, 46 ans depuis la destruction de son complexe par les suppôts du pouvoir. En effet, le 17 Octobre 2014 au matin, Brice Ndong et ses deux associés avaient assisté à la destruction de leur complexe sis au quartier carrefour Camp de Gaulle par les engins du Génie Militaire. Il s’agissait de huit bâtiments où on composés de restaurants, snack-bar , lavage auto, vente et exposition d’objets d’art, et autre petits commerces de friperie. Sans explication, surtout sans dédommagement, il décide alors d’entamer une grève de la faim afin d’alerté l’opinion sur ce qui était son sort.

[Brice Ndong en grève de la faim devant l’Assemblée Nationale]