Le passeport est une pièce d’identité nécessaire pour les voyages (inter)nationaux. Il peut également être demandé lors des transactions à la banque ou pendant les contrôles de police de routine en substitut de la Carte Nationale d’Identité (CNI) pour les nationaux. Au Gabon, l’autorité chargée de l’établissement dudit document est la Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration (DGDI), dont le CEDOC est l’ancêtre.

Si un citoyen constitue un dossier de demande de passeport pour la première fois, il lui demandé de fournir l’original de l’acte de naissance ou celui du jugement supplétif et débourser 45 000 FCFA pour un passeport ordinaire pour un adulte. S’il présente une copie légalisée de son acte de naissance ou celle de sa souche, il est fort probable que son dossier soit placé en « AV ». Jusque-là, tout paraît logique.

Dans le jargon de la DGDI, l’acronyme « AV » signifie « À Vérifier ». Cette mention est marquée sur un dossier et/ou un bordereau de demande de titre pour indiquer que des investigations supplémentaires sont nécessaires auprès des autorités administratives (préfecture, maires, etc) de la ville dans laquelle l’intéressé est né pour confirmer son identité et plus particulièrement la véracité des informations contenues sur le document d’état-civil présenté.

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Cette étape de vérification conditionne l’accord du Chef de Service pour l’établissement du passeport. Du point de vue général, cette phase pourtant simple prend entre 3 et 12 mois voire une éternité selon les avis de nombreux usagers interrogés sur place. Monsieur Sanga, un usager frustré déclare: « Cela fait bientôt 10 mois que j’ai fait la demande de passeport. Ils me disent que mon identité est toujours en attente de vérification. Pourtant, ma naissance a été déclarée à la mairie du 4ème arrondissement [ Plein Niger, ndlr ] à quelques mètres d’eux. »

Madame Okome, une autre demandeuse de titre indique: « Je suis née à Port-Gentil. Ils ont mis mon dossier en « AV » et ils me demandaient à chaque fois de repasser après 2 semaines. 5 mois après, j’ai perdu le bordereau et ils m’ont fait comprendre que je dois payer encore 40 000 FCFA pour que l’on s’occupe de mon cas. Qu’est-ce qui me garantit que cette fois, ce sera la bonne ? »

Les témoignages de ce genre sont nombreux. Entre ceux qui dénoncent le manque de bienséance des agents à l’accueil et les réponses évasives des vérificateurs, les plaintes sont nombreux. Si certains sont heureux d’obtenir leur passeport en 72 heures, d’autres, en revanche, doivent attendre l’arrivée de Godot de Samuel Beckett pour se voir établir le leur.

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Nous avons interrogé 2 policiers affectés au service d’établissements des passeports. Selon l’officier X, « Pour les endroits très reculés, nous n’avons ni les moyens ni la logistique pour nous y rendre. Et quand c’est comme ça, l’intéressé doit s’y rendre et rapporter les justificatifs nécessaires. Voilà pourquoi ça traîne. »

L’officier Y ajoute d’un air imperturbable: « Nous n’avons pas le temps d’aller dans les mairies. On a beaucoup de travail ici. Pour les villes de province, ils ne répondent pas souvent à nos demandes de vérification. On ne va pas bloquer tout un service pour ça. »

Rappelons que les frais d’établissement et de renouvellement du passeport sont non remboursables et le délai de demande de recours est de 12 mois minimum, selon un agent à la réception. La vérité est que lorsque vous demander à voir le Chef de Service pour déposer un recours, les « super agents » vous font un blocus. À la lecture des précédents, attendre un (1) an pour faire le recours est une solution inadaptée aux besoins parfois urgents des usagers parmi lesquels les évacuations sanitaires et les voyages académiques, entre autres.

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Vivement que les autorités de tutelle se saisissent de l’affaire pour remettre de l’ordre dans les rangs pour que les vérifications soient vraiment faites et les passeports délivrés à temps. Car en l’absence de la CNI qui n’est plus produite depuis plus de huit (8) ans, le passeport demeure le meilleur substitut.


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