Un extrait des « Nouvelles Chroniques de San Francisco » de l’écrivain contemporain américain Armistead Maupin a été proposé à l’épreuve d’anglais du baccalauréat cette année au Sénégal. Conséquence : le formateur a été démis de ses fonctions et attend de méditer sur le sort que lui réserve sa hiérarchie.
Un agent du ministère sénégalais de l’éducation a été « relevé de ses fonctions » pour avoir fait plancher de futurs candidats à l’épreuve d’anglais du baccalauréat sur un sujet autour de l’homosexualité, bien qu’il ait présenté ses excuses, a-t-on appris mardi 1er auprès du ministère.
La presse sénégalaise avait fait ce week-end sa « une » sur ce texte soumis à des élèves de terminale de l’académie de Rufisque, près de Dakar, à titre d’examen blanc les préparant au baccalauréat.
Le texte est un passage de More Tales of the City (« Nouvelles Chroniques de San Francisco »), de l’écrivain contemporain américain Armistead Maupin, lui-même militant de la défense des droits des homosexuels, dans lequel un personnage informe sa mère de son homosexualité.
Ousmane Baldé, coordonnateur du département d’anglais du Centre régional de formation des enseignants à Rufisque, a reconnu dans une vidéo reçue mardi par l’Agence Française de Presse (AFP) avoir transmis ce texte aux professeurs chargés de faire passer l’épreuve d’anglais.
Il a assuré qu’il s’agissait d’une « erreur » commise au moment de la sélection des fichiers à envoyer, et qu’il avait joint « par mégarde » un texte « qui ne se prêtait pas au contexte » sénégalais, pays musulman à 95 % où l’homosexualité largement considérée comme une déviance occidentale.
Dans cette vidéo où il présente ses excuses pour avoir « fauté », M. Baldé se défend de tout lien avec des associations homosexuelles. Il dit avoir pris part à une récente manifestation pour réclamer la criminalisation de l’homosexualité.
Après avoir été entendu lundi par les autorités académiques, M. Baldé « a été relevé de ses fonctions » de responsable de la formation des professeurs d’anglais dans l’académie de Rufisque, a déclaré mardi à l’AFP un responsable du ministère de l’éducation.
La loi sénégalaise punit les actes homosexuels de peines d’un à cinq ans de prison. Le code pénal parle d’« acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe », sans en faire un crime.
Le président Macky Sall, dont le pays est souvent cité en exemple d’Etat de droit en Afrique, a toujours invoqué les spécificités culturelles sénégalaises pour refuser une dépénalisation de l’homosexualité, y compris devant des dirigeants étrangers. Pour lui, on peut ne pas aimer l’homosexualité sans être homophobes.
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