En a-t-on fini avec la critique des illusions humaines ? Pour Karl Marx, la critique de la religion n’est qu’un premier pas sur le chemin de l’émancipation humaine : la critique politique, c’est-à-dire la critique du droit, de l’État et de la société, doit prendre le relais pour expliquer la genèse de l’illusion religieuse.
Si l’homme a besoin de religion, ce n’est pas qu’il se sente limité et imparfait, c’est parce qu’il est misérable. Et une telle misère n’est pas d’abord théologique ni même psychologique, mais réelle, matérielle, ancrée dans un « état » social et économique caractérisé par l’existence historique de rapports politiques de domination, de rapports sociaux d’inégalité et de rapports économiques d’exploitation.
Si la religion est « l’opium du peuple », comme l’écrit Marx, c’est que ce peuple a besoin d’un puissant narcotique pour supporter les souffrances sociales qu’on lui inflige : les classes dominantes y remédient en produisant des idéologies qui tout à la fois expriment (à qui sait décrypter leur langage codé) et masquent la réalité de leur domination brutale et inique sur les classes dominées. Vouloir supprimer la religion sans supprimer d’abord la réalité qu’elle est censée aider à rendre supportable, c’est se vouer à une critique superficielle et inconséquente des sociétés modernes : on critique l’effet sans critiquer la cause et on laisse l’homme « sans consolation », sans ressource spirituelle face à l’impasse de sa « misère réelle ».
Il ne suffit pas d’ôter à la « chaîne » de la servitude politique les ornements religieux qui la dissimulent, il faut la « briser » pour de bon, ce pourquoi la critique de la « forme sacrée » de l’aliénation humaine doit se prolonger en une critique de ses « formes profanes ». Toutefois, la prière ne peut se substituer au travail et la foi est mot créé pour consoler les maux des croyants dans l’attente d’un avenir meilleur. Vous pouvez toujours continuer d’attendre.
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