Un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) assure que les climatiseurs ont un effet certain sur le dérèglement climatique.

C’est un véritable cercle vicieux. Plus il fera chaud, plus il y aura de climatiseurs… et plus il y aura de climatiseurs, plus il fera chaud. Car oui, les climatiseurs nous rafraichissent mais ils contribuent, paradoxalement, au dérèglement climatique de la planète. Ces appareils consomment en effet énormément d’électricité. Cette dernière est aujourd’hui générée principalement au gaz ou par des centrales au charbon. Et ceux-ci émettent des gaz à effet de serre qui participe au dérèglement climatique.

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Un rapport publié mardi 15 mai 2018 par l’Agence Internationale de l’Énergie, assure qu’à moins d’un changement radical de trajectoire, les émissions de dioxyde de carbone liées à la climatisation devraient presque doubler entre 2016 et 2050. Par comparaison, c’est comme si on ajoutait les émissions de CO2 de l’Afrique, soit environ près d’un milliard de tonnes de CO2 par an, aux émissions de CO2 du reste de la planète. Et dans les villes, l’effet réchauffant des climatiseurs se fait d’autant plus ressentir. En effet, chaque appareil rejette dans la rue la chaleur qu’il a pompée pour rafraîchir l’intérieur d’une pièce.

Effet boule de neige

Le cercle vicieux est renforcé par la hausse continue du niveau de vie dans le monde. À commencer par la Chine, l’Inde et l’Indonésie, trois pays qui contribueront pour moitié à la hausse mondiale de consommation électrique pour la climatisation. Ces pays en développement subissent de plein fouet le changement climatique. Dans les prochaines décennies se sont des milliards de nouveaux appareils qui seront installés dans le monde. En Chine et en Inde, ces biens deviendront très vite aussi précieux qu’un réfrigérateur.

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En Inde, actuellement, seuls 4% des ménages sont équipés en climatisation. Mais tout laisse penser que la demande va exploser dans les dix prochaines années. Au Brésil, en Thaïlande ou en Indonésie, quand les revenus d’un ménage augmentent, c’est souvent l’un des premiers achats. L’urbanisation rapide, notamment en Inde, accélère encore le phénomène. Car les machineries urbaines, pas seulement la climatisation, créent de la chaleur, une chaleur qui est à son tour absorbée par le béton…

Il existe aujourd’hui environ 1,6 milliard de climatiseurs installés dans le monde, dont environ la moitié aux Etats-Unis et en Chine. En Chine, premier marché mondial, 53 millions de climatiseurs ont été vendus en 2016. Près de 135 millions de nouveaux appareils sont vendus chaque année, trois fois plus qu’en 1990, selon le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie.

Les Etats-Unis déjà dans le viseur

« Le monde va subir une crise du froid », affirme le directeur de l’Agence Internationale de l’Énergie, Fatih Birol. Pour lui, la question des climatiseurs est « l’angle mort » du débat énergétique actuel. Les solutions, détaillées dans le rapport, existent, comme développer l’énergie solaire donc le pic de production, en journée, correspond au pic de consommation des climatiseurs, ou encore améliorer l’isolation énergétique des bâtiments.

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Mais la priorité, selon l’organisation, est de durcir les normes sur la consommation électrique des appareils. Les technologies plus économes existent, mais les consommateurs plébiscitent encore largement les appareils énergivores et moins chers, notamment aux Etats-Unis. En mai 2017, une étude américaine, publiée dans Environmental Science & Technology avait quantifié l’impact de la surconsommation de climatiseurs sur les émissions outre-Atlantique de polluants. Et le résultat montrait que la climatisation est responsable d’une hausse de 3 à 4% des émissions de CO2 par degrés celsius supplémentaire, par rapport aux normales saisonnières.